Nathalie de Marcellis-Warin (présidente-directrice générale du CIRANO et professeure à Polytechnique Montréal) et Ingrid Peignier (directrice de projets et directrice des relations partenaires et des communications au CIRANO) ont dévoilé en primeur, dans le cadre des Grands Rendez-vous de Polytechnique Montréal à la Grande Bibliothèque de Montréal, les résultats du Baromètre CIRANO 2018 spécifique à la mobilité durable.
Nos comportements en matière de transport sont en pleine mutation. De nouvelles alternatives voient le jour : véhicules électriques, véhicules autonomes, autopartage, etc. Dans ce contexte, les auteures ont cherché à mieux comprendre les perceptions des Québécois face à ces changements. Quelles sont les perceptions des Québécois vis à vis des innovations reliées aux véhicules (véhicules électriques, véhicules autonomes) ? De quel œil voient-ils ces différentes options de remplacement à la voiture personnelle ? Comment leur volonté de développer le transport en commun se manifeste aujourd’hui dans leurs comportements ?
Les résultats présentés dans cette étude reposent sur l’analyse d’une enquête réalisée entre le 5 et le 10 avril 2018 auprès d’un échantillon de 1013 répondants représentatif de la population du Québec.
Véhicules électriques
86 % des Québécois sont pour plus de véhicules électriques. 91
% des répondants qui considèrent que les changements climatiques sont
une réalité causée par l’activité humaine sont pour plus de véhicules
électriques contre seulement 61 % de ceux qui pensent que les
changements climatiques ne sont pas prouvés scientifiquement.
Véhicules autonomes
37 % des Québécois aspirent à plus de véhicules autonomes. Il
s’agit d’une part relativement élevée de la population alors même que
quelques jours avant la collecte des données de l’enquête, deux
accidents mortels ont eu lieu avec des véhicules autonomes aux
États-Unis. D’autres facteurs pourraient expliquer pourquoi certains
Québécois sont contre plus de véhicules autonomes. En effet, si on met
en relation les résultats de l’étude de cas sur la mobilité avec
d’autres questions du Baromètre CIRANO 2018 relative à l’intelligence
artificielle (IA), on constate clairement que les Québécois contre les
voitures autonomes :
Les perceptions relatives à ces deux types de véhicules varient en fonction de certaines variables sociodémographiques. Ainsi, les hommes et les Milléniaux (91 % et 49 % des moins de 35 ans sont respectivement pour plus de véhicules électriques et pour plus de véhicules autonomes) sont plus nombreux de façon significative à affirmer être pour plus de véhicules électriques et autonomes.
Un changement de société s’opère : autopartage et transport
en commun
La propriété automobile constitue de moins en moins un signe de réussite
professionnelle comme ce pouvait être le cas il y a même encore 15 ans.
Aujourd’hui c’est la mobilité qui compte. Ainsi, de plus en plus de
Québécois ne possèdent plus de voitures et optent plutôt pour des
services d’autopartage. À ce chapitre, l’étude révèle que 72 % des
Québécois aspirent au développement de ce type d’offre. Les célibataires
(80 %) y sont davantage en faveur que les couples (67 %). En
contrepartie, les Québécois de 75 ans et plus (54 %) s’y montrent plus
défavorables que le reste de la population adulte (73 % des 18-74
ans).
Est-ce à dire que le déploiement des services d’autopartage
s’effectuerait au détriment du transport en commun?
Rien n’est moins sûr puisque la très grande majorité des Québécois
(83 %) aspirent à voir se développer de grands projets de transport en
commun. Sans grande surprise, les plus enclins habitent la grande
région de Montréal (86 % contre 78 % dans la RMR de Québec) et sont âgés
de moins de 35 ans (86 % contre 64 % des plus de 75 ans). Faits
intéressant, 82 % des Québécois adhèrent à l’idée d’une tarification
sociale du transport en telle que la gratuité pour les ainés ou encore
une réduction pour les personnes à faible revenu.
REM ou ligne rose ?
Quels grands projets de transport collectif ont davantage la cote auprès des Québécois ?
Tout le monde est pour la vertu, mais est-ce que cela se reflète réellement dans les comportements des Québécois dans leurs déplacements ? 43% des Québécois sont plutôt d’accord ou tout à fait d’accord avec l’affirmation suivante « lorsque c’est possible, j’utilise les transports actifs (marche, vélo, etc.) plutôt que ma voiture ». Mais c’est seulement le cas de 29 % des Québécois lorsqu’on les interroge sur l’utilisation des transports en commun plutôt que la voiture lorsque c’est possible. Cependant, 48 % affirment qu’ils opteraient davantage pour ce mode de déplacement si l’offre était mieux adaptée à leurs besoins. Ces statistiques montrent clairement l’importance d’un système de transport plus adapté à la réalité des citoyens.
En conclusion, les co-auteures de l’étude, Nathalie de Marcellis-Warin et Ingrid Peignier, ont constaté un engouement pour le développement de grands projets de transport en commun au Québec, bien qu’il soit très important que ces derniers soient adaptés aux besoins des citoyens pour susciter son adoption. Il y a en effet clairement une dichotomie entre les aspirations des Québécois et leur réalité en termes de déplacements.
Dans ce contexte, on peut se demander comment faire passer les perceptions à des comportements et à des actions ? Lorsqu’interrogés sur les trois choix de société que le Québec devrait prioriser parmi une liste de sept mesures pour favoriser la mobilité durable :
Pour plus d’information : Sur les résultats de l’étude CIRANO sur la mobilité durable, téléchargez la présentation.